Sous les souffles glacés

Sous les souffles glacés de la brise de l’automne,
En marchant à pas lents, sous la voûte des cieux,
Un enfant de seize ans, au soleil qui rayonne,
Dit : « Tu brilles pour moi pour la dernière fois ».

Mais déjà un mal affreux déchirant ma poitrine,
Les cloches du hameau résonnent comme un glas,
Je ne vais plus revoir rayonner l’aubépine,
Chaque feuille qui tombe m’annonce le trépas.

Je veux revoir encore les oiseaux sur les branches
Je veux revoir encore le printemps sur les blés,
Au milieu des bleuets, des marguerites blanches
Voltiger dans les airs, les papillons légers.

Je ne connais rien des plaisirs de la vie,
Poitrinaire à seize ans, je suis fait pour souffrir,
Et vous feuilles des bois, que l’automne a jaunies,
Ne tombez pas encore, je ne veux pas mourir.

Je veux mener ma Jeanne dans notre vieille église,
Je veux lui rappeler que sa main dans ma main,
Avec ses longs cheveux, ondulés par la brise,
Elle m’avait dit « le t’aime », le long du grand chemin.

Je ne connais rien des plaisirs de la vie,
J’ai quitté le berceau pour apprendre à souffrir,
Et vous, feuilles des bois par l’automne jaunies
Tombez donc à plaisir, je vais bientôt mourir.

Mais déjà de son voile, la mort couvre la plaine
Ses pauvres yeux las commencent à se voiler,
Adieu ma Jeanne, adieu de toi mon âme est pleine,
Que tes lèvres n’aient pas mon ultime baiser.

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