Le chemin des dames

Robert Borie-D.Médaillon
Quan soy estat moubilisat
Enta’na puya en’as tranchadas
D’eth coustat de Craonne
Qu’aouey a pénas lous vingt ans
Mès hé cami en poques d’ans
Ua bite d’ômi.

Refrain :
Le chemin il était là-haut
Et le temps n’y faisait pas beau
Des copains priaient doucement
Ceux qui écrivaient à leurs parents*n’étaient pas très à l’aise.

Eth capitèni qu’ens a dit
Faut prendre le plateau de Californie
C’est pour la république
E nous maynats d’las Pyrénées
Ço que nous dè tant a soubié
Pays de l’América.

Alors on a couru tout droit
Et le sort nous triait déjà
Nous semait dans la plaine
Quand de la forêt de Vauclerc
Sortit la Garde du Kaiser
L’infanterie prusienne.

Labéts baléns d’las Pyrénées
Qu’ous aouen het beye entio et sé
Tribalh n’aouen nacère
Puch qu’escouten entio’t mayti
Maynats qui nou’s boulen mouri
Doulentas’en terra.

Et quand nous fûmes au repos
Fallut bientôt repartir là-haut
Avec les bleuets de la classe
On a fichu la crosse en l’air
On n’était pas seul à le faire
C’était de guerre lasse.

Au loc dé parti en permissiou
Qu’en s’an het fourma eth peloutou
I’a da las fusillades
E p’ey a disé que hasé mau
S’entené trattat dé salops
P’eths pràubes camarades.

Vous les jeunes de maintenant
Songez qu’il y a soixante-dix ans
J’avais aussi une âme
Ame naïve de vingt ans
Qui fut flétrie en cet instant
Sur ce chemin des Dames.

E sé passat per aquét plateau
Pensat aus pràubés en arrepos
En d’aquéts cemiteris
Aquéras crouts de lous de Pau
Tarba, Bayouna, Dax e Auch
Malaya à la guerre.

Si vous rêvez de Californie
Voyez les Amériques ici
Qu’on voulait leur faire prendre
Songez aux petits émigrands
Qui auraient voulu foutre le camp
De Craonne en cendres.

A las béouses en capulet
Maynadôus qui’ous aouen het
Sensé lous beye créché
E las de qui an espérat lountemps
L’aymat partit dalha tan loégn
De loua petita hiestra.

En souvenir de Pierre BORIE d’Orincles tué à l’âge de 25ans, en 1917, et de mon ami Pierre CAZAJOUS de Marsous qui vient de mourir à 94 ans, tous deux chasseurs alpins au Chemin des Dames tous deux maintenant unis dans le souvenir du même temps, à tous les autres.
R.B. Orincles Novembre 1987.

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