Bigorre

Paroles de Denis Blanchon
Quand le premier rayon d’un matin de soleil
Dore les Pyrénées de son pinceau vermeil
En fait, dans les fourrés mouillés, et puis sur la rocaille,
S’élever les appels et le vol lourd des cailles :
Quand le pinson léger s’en va sur les glaciers
Cueillir en sautillant le papillon givré ;
Quand sur les sapins bleus s’abattent les palombes ;
Quand l’eau qui sourd du roc en cascatelles tombe
Au lac où s’évapore un brouillard de rubis ;
Quand s’ébrouent les brebis à demi endormies,
Quand tout naît de la nuit, les fleurs et les abeilles,
Alors dans sa splendeur la Bigorre s’éveille.

Et dans le chant des coqs qui monte des vallées
Un peuple laborieux, soit paysan soit berger,
Tirant sa liberté du sol où il s’attache
Dans l’air frais du matin recommence sa tâche.
Là-haut, dans l’herbe bleue et rase des prairies,
Le pâtre au nez busqué ouvre sa bergerie ;
Le ruban de la scie ronronne sous les arbres ;
Le marteau du carrier tonne contre le marbre ;
Et la plaine où s’élance le fin cheval Tarbais,
Est tapissé de champs de maïs et de blé.
Dans le cri de la terre et le chant des sonnailles,
Jusqu’au dernier rayon la Bigorre travaille.

Et dans le soir, les âmes sont remplies
D’un amour infini pour ce pays béni :
Pour l’exquise verdeur de ces vallées riantes
Où jaillissent du sol des sources bienfaisantes ;
Pour ces cirques sauvages et ses gaves chantant ;
Pour ses filles jolies et pour ses fils vaillants
Tel Foch le maréchal vainqueur, sans qui pour nous, la France
N’eut pu demeurer terre des délivrances ;
Pour ses poètes nés sur les bords de l’Adour ;
Pour Gauthier, pour Roland, prince des troubadours
Qui dans ses chants où danse et rit la pastourelle,
Par nos voix rend ce soir la Bigorre immortelle.

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