Soir d'une bataille

C’était le soir d’une bataille,
L’un contre l’autre, deux blessés,
Ayant reçu de la mitraille,
Gisaient sanglants et térrassés.
C’était deux soldats adversaires,
L’un bon Français, l’autre Germain,
Tous deux unis par la misère,
Le Français dit à son copain.

Je le sens bien, mon vieux, ma mort est bien certaine.
Prends ma gourde de rhum, elle est encore pleine,
Et bois-en un bon coup, ça te fera du bien,
Et tu peux la garder, je n’ai besoin de rien.

L’Allemand but une rasade,
Puis voyant le front soucieux
De son généreux camarade,
Il lui demande l’air anxieux :
« Puis-je te rendre un service »
« Oui ! « répond le Français bien bas,
Arrange-toi pour que tu puisses
Faire arriver ce mot là-bas.

Et le petit soldat écrit d’une main lasse,
A travers un sanglot qui se perd dans l’espace,
A sa femme, à son fils, avant de clore les yeux,
Son dernier souvenir, ses suprêmes adieux.

Son compagnon pris cette lettre
Et promit au brave mourant
Qu’il se chargeait de la transmettre
Au prochain des courriers partants.
« Merci » dit le nôtre à voix basse,
« Merci pour eux je pars content »
Avant que le Français trépasse
L’Allemand lui dit en tremblant :

« M’acquitter de ma dette est chose bien facile,
Adieu ! Petit soldat, Adieu, dors bien tranquille !
Je voudrais que la France, ait bientôt le succès (Bis)
Car pour avoir ton cœur, je me ferai Français » (Bis)

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